Fondations opératrices, fondations gestionnaires, des pépites à découvrir

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Publiée le 9 septembre 2022 | Partager :
Les Fondations opératrices et gestionnaires représentent un poids non négligeable de l’économie et des spécificités en termes de mode opératoire, d’engagement… Un secteur dynamique tourné vers la proximité avec les publics qu’il accompagne, la recherche et l’innovation. Quelles sont leurs réalités, leurs problématiques et comment se traduisent concrètement leurs actions ? Témoignages et chiffres clés !

ll n’existe pas de définition officielle pour décrire ce type de fondation. Il faut considérer que ces fondations opèrent en direct des programmes qui leur sont propres, certaines d’entre elles gérant également des établissements. 

Elles sont encore trop peu connues du grand public. 
Ce qui est certain, c’est qu’elles ont toutes des caractéristiques communes : une qualité d’employeur parfois très importante en volume selon les territoires ; elles sont souvent propriétaires d’un patrimoine immobilier ; une part de leur financement, qui peut être significative, est issue de leur propre activité ; elles bénéficient pour certaines de soutiens et/ou des fonds privés ; elles ont souvent été fondées de longue date  et agissent majoritairement dans le secteur sanitaire, médico-social, social mais également dans le secteur éducatif, de la formation ou de la culture. 

Les fondations qui choisissent le mode opérateur sont minoritaires mais représentent le poids économique majoritaire du secteur et de l’emploi au sein des fondations. 

Des modalités de fonctionnement et de financement spécifiques

Fondation Culturespaces est une fondation opératrice crée en 2009 sous égide de la Fondation FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion), reconnue d’utilité publique (FRUP), qui réunit acteurs publics, privés et associatifs dans la lutte contre l’exclusion, les discriminations et la pauvreté. Sa vocation ? Favoriser l’accès à l’éducation artistique et culturelle pour les enfants les plus fragilisés afin d’éveiller, de développer et de révéler leur créativité. 

La Fondation Culturespaces bénéficie de mécénat en nature et de compétences qui couvrent les frais de coordination et de fonctionnement, et de ce fait génère peu de coûts fixes. Elle doit malgré tout lever des fonds pour mettre en œuvre ses projets, financer le développement et la fabrication du matériel pédagogique et créatif et la médiation culturelle et surtout, financer la suite… d’autant qu’elle ne bénéficie encore que de très peu de subventions publiques. Sa force, c’est son équipe de terrain présente dans 5 régions (une vingtaine de médiatrices spécialisées jeune public), ainsi que la richesse de ses programmes en plusieurs étapes qui s’appuient sur la découverte privilégiée de nombreux sites culturels d’exception dans toutes la France. Musées, sites patrimoniaux ou encore centre d’art numérique, ouvrent leurs portes aux enfants bénéficiaires et à l’équipe pédagogique de la fondation.

Chiffres clés 

  • Près de 10 000 enfants bénéficiaires en 2021
  • 5 régions d’intervention
  • 10 programmes ou parcours éducatifs et culturels
  • 6 académies
  • 400 écoles ou structures partenaires
  • 720 ateliers pédagogiques et créatifs

Le statut de FRUP est essentiel dans la reconnaissance et la confiance des pouvoirs publics et financeurs privés » précise Vanessa de Lauzainghein, Directrice mécénat, philanthropie et fonds structurels à la Fondation Apprentis d’Auteuil. La gestion des fonds et de l’activité découle de ce statut. La Fondation créée en 1866 agit grâce au soutien des fonds publics, avec un large spectre allant de la municipalité à l’Etat, à hauteur de 58 % « Nous devons collecter chaque année les 42% restants via des fonds privés pour couvrir l’ensemble des besoins » rappelle Vanessa de Lauzainghein. « La collecte de fonds représente un gros enjeu car elle nous permet de déployer de nouveaux projets, d’innover et d’expérimenter, mais aussi de pérenniser notre activité. Cela nous encourage à prouver l’efficacité de nos actions ».

Au programme : remise en question, évaluation des résultats, capacité à rassurer. Tous les programmes nationaux font effectivement l’objet d’une évaluation d’impact social. La Fondation Apprentis d’Auteuil œuvre notamment en partenariat avec les fondations redistributrices.  Elle dispose de ses propres établissements et de ses salariés, plus de 6 400, pour porter ses projets et ses actions sur le champ de la protection de l’enfance, la lutte contre le décrochage scolaire, le soutien à la parentalité et l’insertion sociale et professionnelle. « On peut agir en partenariat dès que cela est possible mais nous sommes opérateurs de nos solutions, comme l’implantation d’un nouveau dispositif, l’ouverture d’un établissement, ou le développement d’un projet sur l’ensemble d’un territoire. L’échelle est très variable, du très local comme un projet de classe, à un programme de déploiement d’un dispositif d’insertion sur tout le territoire sur plusieurs années » complète Vanessa.

Chiffres clés 

  • 30 000 jeunes accueillis et 6000 familles accompagnées
  • + de 300 établissements et dispositifs d’accueil, éducation insertion et formation
  • + de 6 400 salariés

La Fondation gestionnaire Georges Boissel, FRUP également depuis 1970, est quant à elle dédiée à l’insertion des personnes en difficulté, au handicap psychique et à la santé mentale.

En l’espèce, « Les collectivités ne connaissent pas les Fondations gestionnaires et le grand public pense que nous redistribuons les financements, mais nous aussi, nous recherchons des mécènes » comme le souligne Heidi Giovacchini, Déléguée générale de la Fondation. Ainsi la fondation connait elle aussi des difficultés de collecte de fonds. Ces derniers servent par exemple à améliorer les conditions de prise en charge des usagers, et les projets innovants…

En effet, « Pour que l’Etat soutienne nos innovations, nous avons besoin de prouver qu’elles sont pertinentes, pour cela, nous avons besoin de fonds privés pour mettre en œuvre de nouvelles expérimentations, affiner nos dispositifs. Et nous devons composer avec une réalité : beaucoup d’entreprises sont prêtes à donner mais pour des projets précis », pointe Heidi Giovacchini.

Par ailleurs, s’agissant de la structure juridique qu’est une fondation, Heidi Giovacchini considère que celle-ci constitue un outil formidable, apportant une grande souplesse de gestion, tout en répondant aux exigences de transparence sollicitées par les instances étatiques, notamment, au Bureau des Fondations, émanation du ministère de l’Intérieur.

Chiffres clés 

  • Une expérience de plus de 50 ans 
  • 7 établissements, répartis en Isère
  • 765 professionnels
  • 48 M € de recettes annuelles

La Fondation Partage & Vie est une fondation reconnue d’utilité publique créée en 2001, sous le nom de Fondation Caisses d’Epargne pour la solidarité, qui a changé de nom et de gouvernance en 2016. En 20 ans, la Fondation a développé un important réseau médico-social et sanitaire. Sa croissance s’est faite par la création de nouveaux établissements sur appels à projets et beaucoup par reprise d’établissement isolés, qui pouvaient être précédemment gérés par des congrégations religieuses, des CCAS (Centre Communal d’Action sociale), des mutuelles…

Catherine Schwartz, Directrice de la communication, précise : « Le statut de FRUP fait partie de notre identité. Il nous distingue des opérateurs privés lucratifs et peut être un puissant facteur d’attrait pour les structures associatives qui cherchent un repreneur. On reste dans le secteur dit « privé solidaire » qui partage des valeurs, des modes de fonctionnement et un mode de relations avec les partenaires… Le statut de FRUP crée aussi de la confiance dans nos relations avec les pouvoirs publics sur les territoires (ARS et Conseils départementaux) mais pourtant il n’est pas toujours bien connu ». Le modèle économique repose sur deux piliers principaux : « Nos ressources proviennent en majorité du prix payé par les résidents pour leur séjour en établissement et pour un tiers environ de fonds publics ». En 2020Partage et Vie a adopté un nouveau projet stratégique et a défini des objectifs de développement. Son ambition est de devenir l’institution de référence pour le grand âge. Pour financer sa croissance et pour innover, la Fondation doit dégager des résultats de son activité ».

Chiffres clés 

  • 122 établissements et services dont plus de 85 EHPAD
  • 7414 places d’accueil médico-sociales.
  • 6 535 salariés

La Fondation de Coopération Scientifique Jean-Jacques Laffont – TSE (Toulouse Sciences Economiques) née en 2007, est quant à elle exemplaire dans à son approche disruptive. Elle a tout d’abord fédéré 3 laboratoires de recherche en économie (en lien avec le CNRS, l’INRAE et l’Université Toulouse 1 Capitole) puis a piloté en 2011 la création d’une école d’économie (diplômes Licence et Master), aux standards internationaux, en association avec l’Université Toulouse 1 Capitole, mais aussi la création d’un nouveau centre de recherche (l’IAST – Institue of Advance Study in Toulouse) en sciences humaines et sociales. Grâce à son impact scientifique et à son leadership managérial, la Fondation TSE a retenu l’attention du jury des Investissements d’Avenir, en décrochant entre 2011 et 2017 quatre financements d’excellence (deux LABEX – Laboratoire d’Excellence, une IDEFI – Initiatives d’excellence en formations innovantes – et une EUR).  

« En cela, la Fondation est devenue le moteur du projet scientifique et pas seulement un guichet financier pour distribuer de l’argent », s’enthousiasme Joël Echevarria Directeur Général des Services & Directeur des Relations extérieures de TSE « Ce qui lui a permis d’essaimer et d’impulser des projets à impact, au-delà de son périmètre initial ».

Principal levier de changement : un programme d’excellence scientifique qui dote les chercheurs accueillis pas la Fondation de moyens humains, scientifiques et financiers inédits dans la recherche française. Par exemple, le « back office » administratif permet aux chercheurs d’optimiser le taux de réussite de leurs appels à projets (bourses de recherche européennes) en les déchargeant de tâches chronophages et éloignées de leur expertise scientifique.  Ainsi, 30% des bourses européennes ERC du site de Toulouse, toutes disciplines confondues, proviennent de TSE, et 83% si on ne tient compte que du domaine « sciences humaines et sociales ». « Avoir une structure intégrée opérative et dépositaire de la stratégie scientifique permet d’avoir fait émerger un centre d’excellence en économie à Toulouse et ce en seulement 15 ans » souligne Joël Echevarria. L’école occupe le 22eme rang mondial. Elle est la 1ere dans le monde non anglo saxon. Dès le départ, la Fondation avait fait le choix d’un modèle atypique : collecte de fonds, placement de cet argent et utilisation des intérêts du capital pour financer les projets de TSE et notamment les recrutements.

Chiffres clés 

  • 40 salariés
  • 300 chercheurs
  • 2 fondations abritées
  • 20 projets de recherche partenariaux
  • 15 bourses financées par des fonds publics.

Des structures qui emploient… 

C’est grâce à ce dispositif que le Fondation Jean-Jacques Laffont – TSE a réussi à financer le programme d’excellence scientifique pour ses chercheurs et ses 40 salariés de droit privé dont la mission est de venir en soutien à des chercheurs de droit public (Université, CNRS ou INRA).

Explications de Joël Echevarria : « Grâce à cette logique de financement de long terme, on peut s’inscrire dans une démarche entrepreneuriale qui nous permet de prendre des risques et d’anticiper des besoins. Ainsi, à l’occasion d’un premier grand projet européen (programme FP7 de la Commission européenne) décroché en 2011, nous avons recruté en CDI une cheffe de projet administrative cofinancée par ce programme, en faisant le pari que sa présence permettrait de d’obtenir d’autres projets et d’assurer durablement son financement. Pari réussi puisque cette collaboratrice a évolué vers un poste de cheffe de projets européens (pilotage des soumissions et de l’exécution des programmes européens) et qu’elle est aujourd’hui devenue responsable du contrôle de gestion. On n’aurait jamais pu attirer un tel profil si nous n’avions proposé qu’un CDD adossé au seul budget initial. C’est ainsi que nous avons progressivement bâti une équipe de droit privé dont l’expertise est reconnue (soutien aux chercheurs, gestion d’évènements scientifiques, valorisation, fundraising…) et qui accompagne les chercheurs publics dans leur quête d’excellence ».

Catherine Schwartz de la Fondation Partage & Vie, FRUP qui emploie plus de 6 500 salariés, souligne également la richesse des emplois proposés : « nous opérons dans un secteur où les besoins sont croissants, du simple fait de la démographie : la génération du baby-boom arrive au grand âge. Même en temps de crise, il y aura toujours du travail dans notre secteur. Les métiers du médico-social sont très variés et pour qui est attiré par le service à la personne, ce secteur présente des opportunités. Les établissements de Partage & Vie sont souvent implantés dans les villes moyennes, en milieu semi-rural ou rural. Dans ces territoires, un EHPAD représente un employeur relativement important. Nous proposons des parcours professionnels évolutifs grâce notamment à la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). Les jeunes peuvent entrer sans qualification, être formés et progresser professionnellement. Malheureusement, ces métiers ne sont pas assez connus et reconnus à leur juste utilité sociale, alors qu’ils demandent beaucoup d’humanité et d’engagement ».

… et répondent à des besoins non couverts ou nouveaux

La vocation de La Fondation Culturespaces est de favoriser l’accès à l’art et au patrimoine aux enfants les plus éloignés de l’offre culturelle.

« L’accès à la culture n’est pas toujours une question de distance géographique ou de prix.  De manière générale, malgré une offre culturelle de plus en plus importante, les inégalités persistent car les pratiques culturelles sont socialement différenciées et souvent héritées.  Nos programmes visent à rendre plus accessible le contenu culturelle de l’œuvre ou de l’artiste à découvrir notamment grâce à la médiation culturelle et à une approche pédagogique et ludique », rappelle Clémence Finaz Déléguée générale de la Fondation Culturespaces.

En effet, la fondation s’adresse aux enfants les plus fragiles, issus des QPV, d’écoles en réseau d’éducation prioritaires, de structures sociales ou médicosociales qui accueillent des enfants malades ou en situation de handicap.

« Nous adaptons nos programmes éducatifs et culturels pour les jeunes enfants en situation de handicap, malades, ou hospitalisés, qui ont particulièrement souffert de la crise sanitaire » précise Clémence.

« En effet, les confinements successifs et la distanciation sociale ont réduit les occasions d’entrer en contact avec l’art, et malheureusement révélé l’éloignement, voire l’isolement de ces enfants qui ont des besoins spécifiques ».

Les ateliers proposés représentent alors une parenthèse de récréation, de distraction, de partage, de développement de liens sociaux et d’éveil dans leur journée, rythmée par le parcours de soin. Ce type de programme est complémentaire et même partie intégrante du protocole de prise en charge thérapeutique pour les enfants souffrant de troubles psychiques et/ou psychiatriques.

De son côté la Fondation Apprentis d’Auteuil s’est emparée de la problématique des jeunes majeurs sortant de l’Aide Sociale à l’Enfance grâce au programme La Touline, en référence au nom de ce cordage qui relie le navire au quai ou à un autre navire. « Il s’adresse aux jeunes placés par l’Aide Sociale à l’Enfance dans nos établissements dont la prise en charge s’arrête à 18 ans », précise Vanessa de LauzaingheinIl propose un accompagnement de ces jeunes par des salariés missionnés spécifiquement pendant les 3 ans qui suivent leur sortie de Maisons d’Enfants à caractère Social.

Sans suivi individualisé, nombre de ces jeunes majeurs se retrouvent en grande difficulté, isolés, sans soutien familial, avec des situations pouvant dégénérer jusqu’à devenir sans domicile fixe Les résultats de cette expérimentation, financée grâce à des partenaires privés et au Fonds Social Européen ont permis de développer un plaidoyer auprès des pouvoirs publics. C’est désormais un des sujets majeurs portés dans le Plan de pauvreté, alors qu’il était peu pris en compte auparavant.

« La Fondation contribue à l’évolution des politiques sanitaires, sociales et médico-sociales, adaptant ses structures et activités aux besoins de la population et en cohérence avec les schémas régionaux » affirme Heidi Giovacchini de la Fondation Georges Boissel. « Nous sommes reconnus pour notre sérieux car nous avons mené un travail auprès des élus et des collectivités qui nous confient des missions ». La Fondation a ainsi été investie par la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) de l’Isère pour assurer la reprise du SIAO 115 depuis septembre 2017. Il s’agit d’un service d’information, d’accueil et d’orientation des personnes sans-abris ou risquant de le devenir qui gère le numéro d’appel 115. La Fondation assure également une mission de service public en psychiatrie via la gestion d’un Etablissement de Santé Mentale réparti sur 2 sites, couvrant 5 secteurs de psychiatrie adultes et 1 secteur de psychiatrie infanto-juvénile.

Une réelle capacité à innover

La programme « Art en immersion » incarne parfaitement la pédagogie innovante de la Fondation Culturespaces.

Destiné aux enfants de 5 à 11 ans, le programme se déploie à l’échelle nationale dans le cadre des expositions numériques immersives présentées au sein de trois centres d’art numérique : l’Atelier des Lumières à Paris, les Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence et les Bassins de Lumières à Bordeaux.

Proposé sur le temps scolaire et périscolaire, le programme est développé en partenariat avec les acteurs locaux du champ social et éducatif (Académies, Villes, structures sociales…).

Le principe ?

Embarquer les enfants dans un voyage émotionnel et interactif, au cœur même de l’œuvre des plus grands artistes. Il permet de créer des liens de proximité avec l’œuvre et d’éveiller la curiosité et la créativité des enfants, tout en favorisant les apprentissages et le développement de compétences non cognitives : esprit critique, compétences analytiques, expression orale, participation, sens de l’écoute, savoir-être, confiance en soi…

« A l’école, notre démarche permet précisément d’apprendre autrement les fondamentaux et d’éveiller la curiosité de l’enfant dans d’autres disciplines. Par exemple, l’architecture se révèle être une clé de lecture pour les mathématiques, en introduisant de manière ludique les notions de symétrie, de volume, d’espace… les jeux de rôles pour l’apprentissage du français etc… Nous cherchons toujours à proposer le maximum de synergies avec les autres matières.  C’est pourquoi l’EAC est un vecteur puissant pour l’égalité des chances » rappelle Clémence Finaz.

Le parcours incluant atelier pédagogique et créatif, visite interactive et restitution correspond aux attendus à l’école en matière d’éducation artistique et culturelle pour les cycles 2 et 3. Et les vertus du programme vont souvent bien au-delà du bénéfice individuel des enfants, au profit du collectif : Les enseignants bénéficiaires transmettent souvent le kit pédagogique contenant l’ensemble du matériel nécessaire aux différents ateliers à leurs collègues au sein d’une même école. Sans compter l’émulation au sein des familles, de l’école… au moment de la restitution lorsque les œuvres des enfants sont exposées à la mairie. Finalement l’impact est assez simple à résumer s’émeut Clemence Finaz :  voir l’enfant s’intéresser, s’émerveiller, créer, et évoluer tout au long du parcours !  Parce qu’il rencontre un franc succès, le programme devrait être élargi à d’autres publics.

Un partenariat entre la Fondation Culturespaces et le Samu social de Paris va notamment permettre de proposer le projet aux familles en difficulté hébergées en hôtel social ou en Centre d’Hébergement d’Urgence

Pour la Fondation Apprentis d’Auteuil, l’innovation consister à trouver la bonne réponse face à un besoin nouveau ou non couvert, la tester et la mettre en œuvre.

« Notre action est toujours motivée par notre expérience de terrain et ce, depuis plus de 150 ans », rappelle Vanessa de Lauzainghein. Tester, c’est bien l’objet du programme Etincelle, qui vise l’insertion sociale et professionnelle de 5000 jeunes en 3 ans par des dispositifs de remobilisation (Boost Insertion) et des formations co-construites avec des entreprises (Skola). Dans le cadre de ce programme, une méthode de design thinking initiée par la Fondation a été lancée pour contribuer à améliorer le sourcing des jeunes, c’est-à-dire comment réussir à aller vers eux, là où ils sont. A la clé, des ateliers avec les jeunes, la formation des équipes, des tests de la méthodologie sur certains territoires.

« L’innovation c’est aussi une posture » souligne Vanessa qui observe une évolution majeure : une volonté de co-construction entre les fondations financeuses et les fondations opératrices, afin de s’associer dès la réflexion à la mise en œuvre de solutions. L’occasion pour les structures qui financent d’avoir une vraie connaissance et vision concernant les sujets qu’ils soutiennent.

« La partage de bonnes pratiques est également un terreau favorable à l’innovation. C’est la force d’être un réseau de 122 établissements comme le nôtre. L’innovation nait des besoins du terrain peut porter sur beaucoup de sujets : santé et bien-être des résidents ; organisation, ressources humaines ; gestion ; pratiques professionnelles ; innovations médicales ; digital/numérique, confort du cadre de vie, thérapies non médicamenteuses…» indique Catherine Schwartz – Fondation Partage & Vie. Comme pour beaucoup d’autres acteurs, l’innovation ne peut se faire que dans une démarche de co-construction. « Nous nous efforçons de développer des relations de partenariat avec nos interlocuteurs publics que sont nos autorités de tutelle, les ARS et les Conseils départementaux. Les appels à projet publics peuvent être à l’origine d’innovation. Par exemple, dans les Hauts de France, nos établissements ont bénéficié de subventions pour développer une approche de management innovant, portant sur des équipes autonomes d’auxiliaires de vie s’occupant de personnes à domicile ». L’innovation peut porter aussi sur un sujet comme l’éthique : « Partage et Vie a initié une démarche qui a associé des experts (philosophes, médecins, sociologues…) avec des professionnels des établissements médico-sociaux.  Dans notre secteur, nous traitons des sujets difficiles comme la dépendance ou la fin de vie. La crise sanitaire a rendu encore plus aigües ces problématiques et il a semblé crucial que nos collaborateurs puissent disposer de références qui les aident dans leur travail quotidien. La démarche est innovante et a suscité beaucoup d’intérêt et de participation. Elle était antérieure à la crise sanitaire mais elle a probablement contribué à ce que notre réseau tienne bon durant la pandémie ». 

Le nouveau plan stratégique de la Fondation Georges Boissel – Horizons 2022 / 2026 intègrera précisément les nécessaires innovations pour apporter des réponses face à l’impact du Covid sur l’ensemble des établissements de la Fondation et les publics accompagnés : situation des jeunes, fracture numérique mais aussi développement de circuits courts et locaux, pour pallier aux problèmes d’approvisionnement identifiés pendant la crise sanitaire.

Heidi Giovacchini – Fondation Georges Boissel fait le constat d’une population en grande souffrance, particulièrement chez les jeunes enfants et les adolescents qui multiplient leurs passages à l’hôpital suite à des tentatives de suicide : « On doit en tenir compte dans l’évolution de nos dispositifs.

En cela, nous avons un rôle déterminant à jouer, non pas uniquement comme un gestionnaire d’établissement mais comme acteur majeur du territoire, notamment dans le cadre de la responsabilité sociétale ».

Selon Joël Echevarria, si TSE a su si bien évoluer c’est en partie grâce aux « économistes – entrepreneurs » qui se sont succédé à sa tête, depuis Jean-Jacques Laffont jusqu’à Christian Gollier, en passant par Jean Tirole et Bernard Belloc. « Ils avaient tous la volonté de construire et de bouger les lignes, ce qui les a parfois obligés à… enfoncer des portes ! ».

Conclusion 

Capables de répondre à des besoins nouveaux ou non couverts, d’investir, d’innover, de recruter, de fédérer un territoire, les richesses des fondations opératrices et/ou gestionnaires sont décidément nombreuses.

Alors comment les aider à être davantage connues et reconnues ?

Le Centre français des Fonds et Fondations représente la diversité de ses adhérents et plus globalement du secteur des fonds et fondations. Il est par essence à l’écoute des spécificités du secteur.

A ce titre, un groupe de travail dédié aux fondations opératrices et gestionnaires a été constitué afin de renforcer les liens entre ces acteurs. Au programme : établir une définition et des caractéristiques communes*, favoriser les coopérations et apporter des réponses au plus proche des leurs problématiques quotidiennes,

A suivre donc,

*Une étude a été menée par le CFF durant l’été 2021 afin de mieux connaitre les fondations et fonds de dotation opérateurs afin d’évaluer plus précisément leur part, déjà estimée comme très importante, dans le poids économique du secteur.

428 fondations et fonds de dotation opérateurs ont ainsi été recensés, sur un ensemble total de 4 700 fondations et fonds de dotation en 2020[1], ce qui représente 9,1% du secteur. Ce travail sera suivi d’une qualification des contacts de ces fondations et d’un questionnaire en vue d’une éventuelle étude plus poussée.

Nous avons le plaisir de vous partager les chiffres les plus représentatifs.

Budget

  • Le budget global du secteur des fondations est de 11,85 milliards d’euros. Ainsi, les structures opératrices représentent 80,6% du budget global des fondations.
  • Le budget moyen des 382 fondations pour lesquelles nous disposons des comptes s’établit à 23,884 millions d’euros alors que le budget médian est de 5,109 millions d’euros.

Emploi

  • 80% des structures opératrices emploient au moins 10 salariés. Pour rappel seules 45,6% de l’ensemble du secteur emploient au moins 10 salariés.
  • Sur les 164 fondations opératrices avec plus de 50 salarié.es, 121 œuvrent dans les secteurs du médico-social, du social ou de la santé, soit 73,8% de ces fondations.

Répartition géographique

  • 50,9% des fondations opératrices ont leur siège en Ile-de-France
    Parmi les fondations opératrices qui ont leur siège en Ile-de-France, 169 sont situées à Paris même, soit 39,5%.

Statut

  • 82% des structures opératrices sont des fondations reconnues d’utilité publique
  • 42 % de ces fondations opératrices ont le statut de fondation abritante. En France, on dénombre 83 fondations avec le statut d’abritante. Ainsi 50,6% des fondations abritantes sont également opératrices.

Activité

  • 46,2% des structures opératrices opèrent dans les secteurs du médico-social, santé et social

A noter que 91 fondations opératrices sur 428 (21,3%) sont adhérentes du CFF. Elles ont fait l’objet d’un recensement similaire que nous tenons à la disposition de nos adhérents, sur demande.


1 Selon le Baromètre annuel de la philanthropie de la Fondation de France, 2021

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