La cause des femmes, un engagement encore fragile

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Publiée le 9 septembre 2022 | Partager :

L’égalité professionnelle dans l’ESS

L’ESS, de par les valeurs qu’elle porte et les finalités qu’elle poursuit appréhende naturellement la question de l’égalité femmes-hommes, tant sur le plan des pratiques internes que sur celui des actions mises en œuvre à destination de ses bénéficiaires. Toutefois, les marges de progression restent importantes.

Les femmes représentent aujourd’hui 68% des salariés de l’ESS[1]. Il s’agit donc d’un secteur fortement féminisé, là où la moyenne nationale s’établit à 48%[2]. Par ailleurs, à équivalent temps plein, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est de 15% dans l’ESS contre 22% dans le secteur privé dit « traditionnel ».

Ces données révèlent donc une situation plus favorable au sein de notre secteur que dans le secteur privé hors ESS. Mais certains éléments viennent toutefois nuancer ce tableau flatteur :

Fort recours au temps partiel, concernant majoritairement des femmes et parfois subi

Inégalités de rémunérations

Inégalités d’accès à des postes de cadre ou de direction

Mue par ses valeurs fondatrices, mais également par une considération d’exemplarité du secteur, l’ESS se mobilise afin d’œuvrer vers plus d’égalité.

Au plan national, ESS France, au travers de l’observatoire de l’égalité, publie régulièrement des études et organise des évènements dédiés au sujet, et l’UDES a signé en 2015 avec cinq syndicats de salariés l’accord sur l’égalité au sein de l’ESS[3].

Au plan local, les CRESS s’emparent également du sujet avec des actions de sensibilisation et de promotion des bonnes pratiques.

Dernière avancée en date, sous l’impulsion d’Olivia Grégoire[4], et avec la participation d’Elisabeth Moreno[5], un livret de conseils[6] visant à favoriser l’égalité au sein des structures de l’ESS a été édité. A cette occasion, ont été désignées cinq ambassadrices de l’égalité femmes-hommes dans l’ESS.

Les ambassadrices de l’égalité dans l’ESS :

Frédérique PFRUNDER, Déléguée Générale du Mouvement Associatif

Laurence LEPETIT, Déléguée générale de France Générosité

Dominique JOSEPH, Secrétaire générale de la Mutualité Française

Eva SADOUN, Co-présidente du Mouvement Impact France

Caroline NAETT, Secrétaire générale de Coop FR

Laurence LEPETIT, Déléguée Générale de France Générosités : 

« L’égalité entre les femmes et les hommes est une formidable clé d’entrée pour renforcer nos organisations. »

Frédérique PFRUNDER, Déléguée Générale du Mouvement Associatif : 

« Les freins doivent être levés pour que l’égalité entre les femmes et les hommes ne soit plus un enjeu mais une évidence. Je veux m’engager pour cela. »

Le CFF échange actuellement avec le cabinet de la Ministre Olivia Grégoire, lequel se mobilise sur ce sujet afin de faire progresser l’ensemble du secteur de l’ESS.

 Il s’agit en effet d’une question importante pour les fondations et fonds de dotation, secteur très fortement féminisé. En effet, son ancrage dans l’intérêt général l’amène à se saisir de ces questions.

L’engagement pour les femmes, une mission nécessaire et stratégique

L’engagement pour améliorer la condition des femmes dans le monde concerne largement le secteur des fondations même s’il n’est porté, de façon directe, que par un nombre restreint d’entre elles. On sait qu’en agissant pour et avec les femmes, des améliorations sont notables et durables dans de nombreux autres domaines.

Au sein du Cercle Action Internationale, une session intitulée « Agir pour et avec les femmes » s’est tenue le 7 juillet notamment autour des témoignages de la Fondation Chanel et du Réseau des Fondations pour le Développement de l’OCDE.

Parmi les structures engagées pour la cause des femmes, peuvent être citées la Fondation des Femmes et le Fonds pour les femmes en Méditerranée qui nous présentent brièvement leurs actions.

Interview de Anne-Cécile Mailfert, présidente du directoire, Fondation des Femmes

Quel regard portez-vous sur les 5 années d’engagement de la Fondation des Femmes ? Comment voyez-vous le rôle d’une fondation dans l’engagement pour les femmes ?

Le rôle de la Fondation des Femmes est de soutenir les acteurs associatifs engagés pour les droits des femmes, de les accompagner et de les aider à grandir. En 5 ans, notre Fondation a permis de placer au centre du débat le sujet des moyens dédiés à l’égalité et à la lutte contre les violences, et de reverser près de 4,2Meuros à plus de 500 projets. La Fondation a œuvré pour que la justice fasse suite au mouvement #MeToo, et que les femmes puissent faire valoir leurs droits. Enfin, le sujet de la solidarité envers les femmes est de plus en plus présent, et de nombreux acteurs soutiennent les efforts de la Fondation des femmes et de nos associations partenaires. Résultat, les mentalités changent aussi, et les consciences s’éveillent à nos sujets. Bref, grâce au travail de la Fondation des Femmes et de toutes les associations, on progresse !

Comment les conséquences de la crise sanitaire influent-elles sur la stratégie et les actions de la Fondation ?

En réponse à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques et sociales nous avons renforcé notre action et développé deux nouveaux programmes. En premier lieu un programme de mise à disposition de locaux pour ouvrir des centres d’hébergement temporaires et de dons massifs de produits de première nécessité. Plus de 750 femmes et enfants ont ainsi été hébergés dans des locaux non utilisés temporairement. Deuxièmement, la Fondation des Femmes à accentué les collectes et dons de produits de première nécessité aux associations. De ces deux expériences sont nés deux programmes au long court : le premier, « abri d’urgence » consiste en la mise à disposition de 10 000 nuitées hôtelières à des tarifs négociés. Le second, « sororité « , permet de soutenir des associations qui œuvrent auprès des femmes les plus vulnérables.

Interview de Fawzia Baba-Aissa, chargée du développement, Fonds pour les Femmes en Méditerranée

Quel regard portez-vous sur la façon dont les fondations et fonds de dotation sont engagés pour cette cause ?

Bien que le soutien des fondations en faveur de l’égalité des sexes soit en nette progression dans le monde, seule une petite partie (0,1%) parvient à des organisations de femmes ou cible les besoins spécifiques de ces organisations[7].

En France, selon l’observatoire de la philanthropie de la Fondation de France seuls 7% des fondations soutiennent la cause des femmes et des filles[8].

Une étude de FFMED réalisée en 2018[9] révélait que 100% des fondations interrogées jugeaient important de financer des projets liés à la citoyenneté des femmes ; 20 % d’entre elles la considéraient même comme prioritaire.

Malheureusement, ces résultats sont à relativiser car cela ne se traduit pas encore suffisamment dans les actes. Il y a donc encore un long travail de sensibilisation à mener pour inciter le secteur à s’engager.

Le Fonds participe au Forum Génération Égalité, quel rôle voyez-vous pour votre secteur dans des évènements et des coalitions de ce type ? 

Le Forum Génération Égalité est un moment critique pour les fonds féministes et en particulier pour le nôtre. Nous devons être présentes pour accompagner les mouvements féministes dans leur plaidoyer visant à obtenir plus de financements des actions en faveur de l’égalité des sexes. En effet, le manque de ressources financières est notre principal obstacle.

Nous plaidons par exemple pour que chaque état dédie au moins 0,1 % de son produit intérieur brut à la question des violences sexuelles et sexistes.

Il faut savoir que le budget moyen d’une organisation féministe dans le monde est de 30 000 dollars et que les organisations de défense des droits des femmes ne reçoivent que 0,1 % de l’aide publique au développement[10]. Or il est désormais admis que la mobilisation des mouvements féministes est le facteur qui a le plus contribué aux avancées de certains pays vers plus d’égalité et de progrès dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

A l’issue du Forum Génération Égalité de Paris qui s’est achevé le 2 juillet, les engagements des Etats restent insuffisants, aussi l’action des organisations féministes se poursuit à travers les coalitions d’actions.


1 ESS France, Atlas commenté de l’économie sociale et solidaire 2020

INSEE, Evolution de la population active, juillet 2020

https://www.udes.fr/sites/default/files/public/users/agathe/accord_egalite_professionnelle_signe.pdf

4 Secrétaire d’Etat en charge de l’économie sociale, solidaire et responsable

5 Ministre Déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances

6 Ce livret est disponible ici : https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/2021/bro-a5-ess-elles-210304-web.pdf

7 https://www.oecd.org/site/netfwd/NetFWD_PolicyNoteOnGENDER_web.pdf

8 https://www.fondationdefrance.org/sites/default/files/atoms/files/etude_fondations_et_fonds_de_dotation.pdf

9 https://www.medwomensfund.org/files/Contribution%20du%20secteur%20philanthropique%202019.pdf

10 https://www.oecd.org/development/gender-development/Aid-Focussed-on-Gender-Equality-and-Women-s-Empowerment-2020.pdf

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